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INFO
N°12
MARS 2014
Il est intéressant de constater que les pays
nordiques possèdent des réglementations
incendie très différentes concernant les
façades, alors qu’ils partagent une même
tradition de construction, forgée à travers
une longue histoire de collaboration depuis
les années 1960, que le climat et le
comportement des habitants sont proches
et qu’ils font face à des risques similaires.
La différence principale réside dans
l’expression des objectifs de performance,
certains pays imposant des exigences
sur les propriétés des matériaux et
composants, et d’autres, des exigences
fonctionnelles pour l’ensemble de la
façade. A titre d’illustration, considérons un
bâtiment résidentiel de quatre étages,
bâtiment courant dans les pays nordiques,
et les trois objectifs de performance
suivants :
1) éviter la propagation du feu en façade,
2) conserver la compartimentation,
3) protéger de la chute d’objets.
Pour satisfaire le premier objectif, les
solutions acceptées varient de l’emploi de
matériaux non combustibles (A2-s1, d0) en
Suède à uniquement l’obtention d’une
Euroclasse B pour le Danemark, la Norvège
et la Finlande. La satisfaction de ce premier
objectif peut aussi être démontrée en
Suède, par un essai à échelle réelle
(référentiel SP FIRE 105). Concernant le
second objectif, le Danemark et la Norvège
exigent un classement de résistance au feu
(EI60 au Danemark) tandis que la Finlande
demande une évaluation, ce qui est
également le cas, dans une certaine
mesure, en Suède, où le classement de
résistance au feu n’est pas clairement
mentionné. Enfin, seules la Suède et la
Norvège possèdent des exigences
explicites concernant le troisième objectif et
les solutions acceptables sont basées sur
une évaluation ou un essai à échelle réelle.
La diversité observée des réglementations
peut s’expliquer, en partie, par l’absence de
méthode commune européenne. Les tests
européens de réaction et résistance au feu,
à la fois dans leurs méthodes et dans les
objectifs recherchés, n’ont pas été
développés pour évaluer le niveau de
sécurité incendie d’une façade. En ce qui
concerne la réaction au feu par exemple, le
système des Euroclasses qualifie le com-
portement au feu d’un matériau mis en
œuvre dans un mur ou un plafond, en lien
avec le risque de flashover dans une petite
pièce. Mais, concernant les façades et la
Une analyse comparative des réglementations incendie pour les façades
des pays nordiques (Danemark, Finlande, Norvège et Suède) révèle de
grandes différences et met en avant le besoin de disposer de méthodes
communes pour évaluer le risque incendie en façade.
De la nécessité d’un référentiel commun
pour évaluer le risque de propagation au feu en façade
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prévention de la propagation verticale du
feu, le flashover a déjà eu lieu et la source
d’ignition est une pièce en feu avec une
flamme sortant à travers la fenêtre.
Le scénario de feu est donc totalement
différent de celui pour lequel les
Euroclasses ont été développées. Ce
système seul n’est donc ni adapté, ni
suffisant, pour qualifier le comportement au
feu d’une façade et exprimer les objectifs
recherchés.
Par ailleurs, la manière dont une façade doit
être classifiée en termes de résistance au
feu est une question délicate. En effet
l’objectif n’est pas d’empêcher la péné-
tration du feu dans la façade mais de
conserver intacte la compartimentation
entre les différents étages. Ainsi, il n’est pas
certain qu’il soit nécessaire d’exiger un
certain classement de résistance au feu
pour satisfaire à ce critère, comme le
prouve la réglementation de certains pays.
Afin d’évaluer le niveau de sécurité incendie
d’une façade, des exigences fonctionnelles
additionnelles ou un essai à échelle réelle
sont donc nécessaires et l’absence d’essai
européen harmonisé a conduit les différents
pays à mettre en place leur propre
essai. Aujourd’hui, il est donc nécessaire
de travailler collectivement, au niveau
européen, à développer une méthodologie
commune pour évaluer le risque de
propagation au feu, via une façade.
Ce travail ne portera ses fruits que s’il
s’appuie sur des connaissances scientifiques
solides qui sont encore à approfondir
n
Stéphanie Vallerent
- CSTB
/
Les actes de la conférence, qui regrou-
pent 38 publications, sont disponibles
en accès libre sur le site internet de
Matec Web of Conferences
(1)
. Une
prochaine édition de ce colloque se
déroulera en Suède en 2015 ou 2016.
(1)
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