En complément des dispositions prévues dans le projet de loi pour un État au service d’une société de confiance (article 26), la future loi Logement (ELAN) prévoit plusieurs simplifications des normes, des procédures et autorise des « dérogations » réglementations de la construction : renforcement du « permis de faire » et modification d’une partie du Code de l’Habitat et de la Construction, pour passer d’une logique de moyen à une logique de résultats.
En France, le niveau de sécurité incendie résulte d’années d’études, d’essais, de retours d’expérience soutenus par la normalisation et l’investissement des industries. Ce système de « dérogations » inquiète les professionnels de la protection incendie car il risque de désorganiser profondément à la fois la hiérarchie des niveaux et l’organisation de la sécurité incendie pour les bâtiments à construire. Le risque restant toujours à terme d’abaisser le niveau de sécurité incendie des usagers d’un bâtiment et la dégradation des conditions d’intervention des services de secours.
Le lourd tribut payé par les occupants lors de l’incendie de la Tour Grenfell a eu pour conséquence une mobilisation des pays de l’Union Européenne pour répondre aux défis de la sécurité en cas d’incendie. La Commission Européenne s’est investie tant le sujet est grave et important en créant une plateforme d’information et d’échange sur les incendies et elle présente un ambitieux plan de travail pour assurer la sécurité dans les bâtiments en cas d’incendie.
En France, la dérogation telle que le prévoit la loi vis-à-vis de la sécurité incendie est en totale contradiction avec ce projet européen. Rappelons que l’approche par l’ingénierie sécurité incendie existe déjà puisqu’elle a été introduite dès 2004 dans l’arrêté de résistance au feu permettant aux ouvrages et réalisations de pouvoir satisfaire à la réglementation dans des raisons sécures respectant la performance.
S’il est compréhensible que le législateur prévoit des procédures pour accepter des modes de preuves de conformité réglementaires pour favoriser l’innovation et la diversité, il est absolument regrettable d’y associer le mot « dérogation » qui laisse entendre la possibilité de la dégradation des objectifs de sécurité.
Les professionnels de la protection incendie ne peuvent que déplorer de n’avoir pas été associés par les pouvoirs publics avant que de telles décisions soient prises.
Le Président du GTFI
Gaëtan Fouilhoux